Laïcité & aumônerie à l’hôpital

À l’occasion de la Journée nationale de la laïcité, les trois aumôniers de l’établissement, Isabelle MARTY, Père Yuriy LESHCHYNSKYY et M. Khalil DEHY représentants des cultes catholique et musulman, répondent à 10 questions fréquentes sur la laïcité à l’hôpital.

1. Qu’est-ce que la laïcité ?

La laïcité est d’abord un principe constitutionnel.
Comme le rappelle Mme MARTY, « c’est écrit dans la Constitution de 1958, qui dit que la France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale ». Pour eux, cela signifie que l’État garantit « l’égalité devant la loi de tous les citoyens, sans distinction d’origine, de race ou de religion ».
Ce principe fondateur pose la base d’une société inclusive, dans laquelle chacun – croyant ou non – est respecté. L’enjeu : garantir la liberté de conscience, sans favoriser ni discriminer aucune croyance.

2. Quel texte fondateur établit la laïcité en France ?

C’est la Loi du 9 décembre 1905 relative à la séparation des Églises et de l’État qui consacre la séparation des cultes et de l’État. Père Yuriy le rappelle avec simplicité : « c’est la loi de 1905, la séparation de l’Église et de l’État ».
Ce texte, fêtant ses plus de 120 ans, demeure la pierre angulaire du cadre laïque de la République. Il affirme notamment que « la République ne reconnaît ni ne subventionne aucun culte », tout en garantissant le libre exercice des cultes.

“La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale” 

Cette mention figure dans la constitution de 1958 et pas dans la loi de 1905.
Ainsi, la formulation républicaine rappelle que la laïcité ne se limite pas à la séparation des cultes : elle s’inscrit dans une vision plus large d’égalité, de citoyenneté et de cohésion nationale.

Laïcité à l’hôpital : ce qu’elle garantit — et comment
GarantieCe qu’elle implique
Liberté de conscience & liberté religieuseChacun est libre de croire, de choisir sa religion, ou de ne pas en avoir. « la laïcité, ce n’est pas l’absence de religion : c’est permettre d’avoir cette possibilité d’avoir une religion, d’en changer, de croire, de ne plus croire ».

 

Égalité devant la loiTous les citoyens, quelles que soient leurs croyances, sont soumis aux mêmes droits et devoirs.

 

Séparation de l’État et des institutions religieusesAucun culte n’est favorisé, ni subventionné — la neutralité de l’État est préservée.

Au CHB, ce principe se traduit concrètement : la liberté de pratiquer sa religion est garantie aux patients, dans le respect des contraintes de l’hôpital (ordre public, hygiène, bon fonctionnement).

5. Les agents hospitaliers peuvent-ils porter des signes religieux visibles ?

Non. Pour préserver la neutralité du service public, les agents hospitaliers, soignants, administratifs, étudiants en stage — ne peuvent manifester leurs convictions religieuses par des signes visibles.  « les agents… ne peuvent pas montrer de signes d’appartenance à une religion ».
Cette neutralité vise à garantir l’impartialité des soignants, essentielle pour la confiance des patients.

7. Les patients peuvent-ils prier dans leur chambre ?

Oui — sous certaines conditions. La prière est autorisée si la chambre est assimilée à un « lieu privé » et si le voisin de chambre n’est pas dérangé. M. Khalil DEHY précise : « la chambre est assimilée à un lieu privé », et le respect du voisinage est requis.
Ainsi, le droit à la pratique cultuelle reste compatible avec le cadre hospitalier, dès lors que le respect et la discrétion sont respectés.

8. L’établissement doit-il proposer des repas confessionnels (halal, casher…) ?

Pas obligatoirement. L’hôpital « peut proposer des menus adaptés dans la limite de ses moyens et sans perturber le service ». Dans les faits, le CHB cherche à répondre aux besoins alimentaires spécifiques des patients, dans la mesure du possible, sans que cela relève d’une obligation stricte.
Ce choix témoigne d’un compromis entre la liberté de croyance et les contraintes logistiques, une réalité partagée dans de nombreux établissements de santé.

9. Les aumôneries dans les hôpitaux publics sont-elles autorisées ?

Oui et c’est un droit garanti. Comme l’explique Isabelle MARTY :
« Les établissements peuvent offrir un service d’aumônerie » pour permettre le libre exercice des cultes, même dans un contexte de séparation État / religions.

Au CHB, l’aumônerie est un service structuré, disponible pour tous les patients et leurs proches, « 24 h/24, 7 j/7 », qu’ils soient croyants ou non. Elle incarne l’application concrète de la loi de 1905 et de la neutralité respectueuse de la diversité religieuse.

10. Qu’est-ce que le prosélytisme ?

Le prosélytisme désigne la volonté active d’amener quelqu’un à adopter une croyance, une opinion ou une religion. L’aumônerie du CHB trace une ligne claire : son rôle est l’accompagnement — spirituel, moral ou religieux — et jamais la conversion forcée. Comme l’un des aumôniers l’affirme : « en aucun cas, c’est du prosélytisme ».
Informer un patient de la possibilité de recevoir un soutien spirituel n’équivaut pas à une incitation. L’engagement du CHB demeure la neutralité et le respect des convictions de chacun.

Un gage de neutralité et d’équité

En distinguant clairement les missions de chacun, agents du service public soumis à une stricte neutralité, et aumôniers présents à la demande des patients, le CHB réaffirme son attachement profond aux valeurs républicaines, et notamment à la neutralité qui garantit l’égalité de tous. Dans un lieu de soins, la confiance doit être totale : chaque patient doit se sentir respecté, accompagné et en sécurité, indépendamment de ses convictions religieuses ou philosophiques. C’est un principe essentiel qui fonde la relation de soin au quotidien.

L’organisation de l’aumônerie illustre parfaitement qu’il est possible d’assurer la continuité des soins tout en préservant la liberté de conscience et en valorisant la diversité spirituelle. Les aumôniers interviennent uniquement à la demande des patients, avec bienveillance et discrétion, en complément du travail des soignants.

Cette dynamique repose également sur un dialogue constant et constructif. Le lien étroit entre la référente Laïcité, Lise LORIOT, et l’ensemble des aumôniers constitue un véritable pont entre les exigences de la laïcité et la richesse des croyances. Ensemble, ils contribuent à faire de l’hôpital un espace ouvert, apaisé et respectueux de chacun.

À l’heure où la laïcité suscite parfois des débats vifs, le Centre Hospitalier Simone Veil de Beauvais démontre qu’elle peut être vécue non comme un obstacle, mais comme un cadre protecteur — garant de liberté, d’égalité, de respect. Grâce à son service d’aumônerie, l’établissement offre à ses patients un espace d’accompagnement spirituel et moral, sans remettre en cause la neutralité des soins.

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