La téléexpertise : une dynamique à l’écoute des médecins libéraux
Depuis plusieurs mois, le Centre Hospitalier de Beauvais (CHB) s’engage activement dans le développement de la téléexpertise. Loin d’un simple projet technologique, c’est un levier concret de fluidification du parcours de soins qui s’affirme. Et surtout, une opportunité nouvelle de collaboration entre l’hôpital et la médecine de ville
Téléexpertise : de quoi parle-t-on exactement ?
Encore méconnue du grand public, mais de plus en plus incontournable pour les professionnels, la téléexpertise désigne la possibilité, pour un médecin (le “requérant”), de solliciter à distance l’avis d’un confrère spécialiste (le “requis”) sur une situation clinique. Elle s’inscrit dans le champ plus large de la télésanté, aux côtés de la téléconsultation ou de la télésurveillance.
Concrètement, il s’agit d’un échange asynchrone, sécurisé, souvent centré sur un cas précis : une photographie dermatologique, un bilan biologique atypique, ou une situation infectieuse inhabituelle, par exemple. L’objectif : obtenir un avis éclairé, rapidement, sans faire déplacer inutilement le patient.
🏥Une expérience structurée au CHB, née du terrain
Le CHB ne découvre pas la télésanté. Depuis 6 ans, des téléconsultations spécialisées sont menées avec l’unité sanitaire de la prison de Beauvais. L’établissement a mis en place des téléconsultations via l’outil régional Prédice pendant la crise Covid. Mais c’est bien la téléexpertise qui s’impose aujourd’hui comme le cœur de la stratégie médicale.
« Ce dispositif répond à un besoin réel de terrain : comment maintenir un accès à l’expertise quand les délais s’allongent et que la démographie médicale se tend ? » souligne le Dr Mohamed Belhadj, médecin référent du projet au CHB.
🩺Dermatologie : une spécialité pilote… et un pari gagnant
C’est par la dermatologie que tout a commencé. Depuis l’été 2024, les médecins traitants peuvent adresser des photos de lésions cutanées via la plateforme Omnidoc. Les dermatologues hospitaliers y répondent par écrit, dans un délai maîtrisé.
Une mention sur les comptes rendus hospitaliers et les ordonnances de dermatologie encourage les confrères à recourir à la téléexpertise. Et les retours sont positifs : les sollicitations augmentent progressivement, renforçant la pertinence du dispositif.
« Les cas sont bien ciblés, les demandes argumentées, et cela nous fait gagner du temps, à nous comme aux confrères libéraux », rapporte un dermatologue du CHB.
🔄 Extension à d’autres spécialités : vers une offre plurielle
Fort de cette réussite initiale, le CHB étend désormais la téléexpertise à d’autres disciplines :
- Rhumatologie
- Infectiologie
- Bientôt : pédiatrie, gastro-entérologie, pneumologie, tabacologie, gériatrie
Un effort particulier est porté sur les EHPAD, avec la gériatrie en ligne de mire, pour offrir une expertise hospitalière rapide sans mobiliser les transports sanitaires.
🚧 Identifier les freins pour mieux les lever
Le CHB n’ignore pas les réticences encore présentes chez certains professionnels :
- Perte supposée du lien direct médecin-patient
- Crainte d’une surcharge de travail pour les spécialistes
- Outils perçus comme complexes ou intrusifs
Mais l’approche choisie est pragmatique : aucun outil n’est imposé, chaque médecin reste libre de choisir les cas pertinents. L’enjeu est moins technologique qu’organisationnel : accompagner le changement en respectant les pratiques.
🧭 Une logique de service médical, pas de contrôle
Le positionnement du CHB est clair : la téléexpertise n’est ni un gadget, ni un nouveau protocole à suivre. C’est un outil à la carte, pensé pour simplifier le quotidien des soignants.
Elle s’adresse :
- Aux médecins de ville en demande de réassurance ou de confirmation diagnostique.
- Aux spécialistes hospitaliers, pour filtrer, prioriser et structurer les flux de demandes.
Et in fine, aux patients, qui évitent des déplacements parfois inutiles ou anxiogènes.
📣 Un appel à la communauté médicale de territoire
À travers cette dynamique, le CHB réaffirme sa volonté d’être un acteur de terrain au service du territoire, en soutien aux médecins libéraux. La téléexpertise n’est pas un outil hospitalier isolé, mais un pont entre la ville et l’hôpital, au bénéfice des patients.
« Ce n’est pas une révolution, c’est une évolution intelligente, qui respecte les soignants et répond aux réalités du quotidien. Nous invitons tous les médecins du territoire à s’en saisir », conclut le Dr Belhadj.
- Une téléexpertise centrée sur les usages, pas sur la technique
- Des résultats concrets en dermatologie
- Un déploiement progressif dans les spécialités clés
- Une collaboration renforcée entre hôpital et médecine de ville
- Un outil au service de la fluidité, de la sécurité et de l’optimisation du temps médical
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