Rugby et commotions cérébrales : un enjeu de santé publique

Le rugby est bien plus qu’un simple sport. Il incarne la solidarité, la combativité, le respect, et l’engagement total du corps. Des valeurs puissantes qui trouvent un écho tout particulier dans les mêlées rugissantes ou les plaquages spectaculaires. Mais derrière cette intensité physique, une réalité plus silencieuse s’impose : celle des traumatismes crâniens.

Longtemps perçus comme des « coups » anodins, les chocs à la tête sont aujourd’hui reconnus comme un risque majeur pour la santé neurologique des joueurs, amateurs comme professionnels. Le rugby moderne, plus rapide, plus physique, expose les sportifs à une fréquence et une intensité de contacts inégalées par le passé.

Une commotion cérébrale est une altération temporaire du fonctionnement du cerveau, généralement causée par un choc direct ou indirect à la tête. Ce trouble, souvent sans perte de connaissance, peut entraîner des symptômes variés : maux de tête, confusion, vertiges, troubles de la mémoire, troubles de la vision, voire perte d’équilibre.

Le danger ? Une reprise trop rapide de l’activité physique après une commotion peut aggraver les lésions. Pire encore, les effets peuvent s’accumuler de manière insidieuse au fil des années. Ce qu’on pensait être un simple « coup » peut, à terme, affecter profondément la mémoire, la concentration, voire la santé mentale.

Récemment, des voix marquantes du rugby ont contribué à briser ce tabou. Sébastien Chabal, ancien international français, a confié ne garder aucun souvenir de ses matchs, ni même de la naissance de sa fille, probablement à cause des multiples commotions cérébrales subies durant sa carrière.

À l’étranger, des joueurs comme Steve Thompson (Angleterre) ou Alix Popham (Pays de Galles) ont fait part de troubles similaires, certains ayant été diagnostiqués avec des formes précoces de démence. Leurs témoignages ont provoqué une onde de choc dans le monde du sport, incitant à revoir les protocoles, mais surtout à renforcer la sensibilisation du grand public et des pratiquants.

Chaque année à Beauvais, les Ovalies UniLaSalle rassemblent plus de 1 700 joueurs et joueuses de toute la France et d’Europe. Il s’agit du plus grand tournoi universitaire de rugby à but solidaire d’Europe, porté par les étudiants de l’école d’ingénieurs UniLaSalle. En 2025, l’événement célèbre sa 30ᵉ édition, un anniversaire symbolique placé sous le signe de l’engagement sportif, mais aussi de la prévention santé.

Au-delà des matchs et de la ferveur dans les tribunes, les Ovalies cultivent une forte dimension citoyenne. L’intégration d’un stand de prévention des traumatismes crâniens, animé par le service de neurologie du Centre hospitalier Simone Veil de Beauvais, s’inscrit pleinement dans cette philosophie.

Le service de neurologie a conçu un stand ludique, interactif et adapté à tous public.

Parmi les animations proposées :

• 🎲 Un jeu de l’oie pour simuler les conséquences d’un choc crânien

• 🧩 Un jeu de mémoire express pour tester les capacités cognitives

• ⚖️ Des tests d’équilibre et de réflexes accessibles à tous

• 📊 Des fiches claires, visuelles et sans jargon médical

L’objectif est simple : mieux repérer les signes d’une commotion, comprendre quand s’inquiéter, et savoir quoi faire. Car la rapidité de réaction après un choc peut faire toute la différence.

RDV du 8 au 10 mai 2025 sur le stand du service neurologie du CHB ! 

À l’heure où le rugby continue d’évoluer, il est essentiel que la conscience des risques neurologiques progresse au même rythme. Les commotions cérébrales ne sont plus des blessures invisibles : elles sont identifiables, compréhensibles, évitables… si l’on prend le temps de les expliquer.

Grâce à l’engagement du service de neurologie du CH Simone Veil et à la dynamique unique des Ovalies UniLaSalle, un message clair est transmis à une nouvelle génération de sportifs : le cerveau est le coéquipier le plus précieux sur un terrain.

Alors que les tribunes fêteront les 30 ans des Ovalies dans une ambiance survoltée, espérons que cette édition marque aussi le début d’un nouveau réflexe collectif : celui de « checker sa mêlée », pour mieux protéger sa santé.